Poésie : Tes cheveux
Titre : Tes cheveux
Poète : Albert Mérat (1840-1909)
Recueil : Le livre de l'amie (1866).
Elle est charmante, elle est aussi brune que blonde.
Vous la reconnaîtrez, perfide comme l'onde,
A ses cheveux changeant de tons et de parfums.
Lorsque cela me plaît, moi, je les trouve bruns.
Lorsque cela me plaît, je dis : « Sa chevelure
A les reflets d'or mat que prend la moisson mûre. »
Elle est blonde, elle est brune, et j'ai toujours raison.
Un poète a chanté cela dans la saison
Où la chanson des prés, douce et point ironique,
Vient jusque dans les bois bercer la véronique.
Cela dépend du jour, de l'heure, du moment.
Il se peut que ce soit gênant, mais c'est charmant.
On dirait que l'on voit, resplendissant et sombre,
Un mouvant réseau d'or qui scintille dans l'ombre.