Poésie : Comme un roseau plaintif au bord de la rivière
Titre : Comme un roseau plaintif au bord de la rivière
Poète : Charles Guérin (1873-1907)
Recueil : Le cœur solitaire (1896).
Comme un roseau plaintif au bord de la rivière,
Tu gémissais : « Ô le méchant seigneur Hamlet !
Pourquoi m'a-t-il trahie et se peut-il qu'il ait
Tué, lui qui m'aimait, Polonius mon père ?
Adieu donc, tendres jours de joie et de lumière
Où ma vieille nourrice à mon côté filait. »
Tu dis ; et ton beau corps de roses et de lait
Rendit, en s'y plongeant soudain, l'onde plus claire.
Les libellules, l'aile humide, par essaims,
Effleurèrent tes yeux, clos, hélas ! et tes seins,
Parmi le flot dont les remous chatoient et virent.
Ta couronne de fleurs des champs se délia ;
Et l'amour depuis lors éprouve ceux qui virent
Descendre au fil de l'eau ta bouche, Ophélia.