Poésie : Le songe (I)
Titre : Le songe (I)
Poète : Évariste de Parny (1753-1814)
Corrigé par tes beaux discours
J'avais résolu d'être sage,
Et dans un accès de courage
Je congédiais les amours
Et les chimères du bel âge.
La nuit vint ; un profond sommeil
Ferma mes paupières tranquilles ;
Tous mes songes étaient faciles ;
Je ne craignais point le réveil.
Mais quand l'aurore impatiente,
Blanchissant l'ombre de la nuit,
À la nature renaissante
Annonça le jour qui la suit :
L'amour vint s'offrir à ma vue ;
Le sourire le plus charmant
Errait sur sa bouche ingénue ;
Je le reconnus aisément.
Il s'approcha de mon oreille.
Tu dors, me dit-il doucement,
Et tandis que ton cœur sommeille,
L'heure s'écoule incessamment.
Ici bas tout se renouvelle,
L'homme seul vieillit sans retour ;
Son existence n'est qu'un jour
Suivi d'une nuit éternelle,
Mais encor trop long sans amour.
À ces mots j'ouvris la paupière ;
Adieu sagesse, adieu projets ;
Revenez, enfants de Cythère,
Je suis plus faible que jamais.